On a souvent beau dire que les Français ne sont pas aimés à l’étranger pour leur côté parfois arrogant, mais on oublie peut-être de dire qu'ils peuvent être aussi appréciés pour leur côté accueillant. Hier soir je suis revenu d’un séjour de 6 semaines pleines en Pologne, que j’ai passé entre Varsovie et Cracovie, et il se trouve que j’avais emporté dans mes bagages un très bon livre de Romain Gubert (journaliste économique au Point) qui s'appelle « L’arrogance française » qui m'a incité à rédiger ce billet pour apporter mes impressions sur la Pologne d'aujourd'hui. Malgré un séjour globalement positif, le retour sur la ligne 3 du métro parisien a été rude ce matin, l'ambiance tranchante. Moins de 24 heures auparavant, je me trouvais encore dans la Pologne de Kaczynski, qui voilà il y'a à peine 4 mois, fêtait le 5ème anniversaire de son entrée dans l'Union européenne. Dans la mentalité polonaise d'aujourd’hui, près de vingt ans après la chute du communisme, on sent encore largement les vestiges de l'ancien régime, dont les protagonistes d'hier occupent encore des postes clés aujourd'hui. Les esprits demeurent encore très conservateurs et l'ouverture d'esprit laisse encore à désirer, surtout chez les seniors polonais, ceux qui ont connu la Seconde Guerre mondiale, ceux qui ont vu de leurs propres yeux la Chute du Mur de Berlin. Mais il faut toutefois dire que cette tendance est en train de s'estomper chez les plus jeunes générations, et en premier lieu la génération Erasmus polonaise qui a grandit dans une Pologne imprégnée des valeurs d'Europe de l'Ouest.

La Pologne, un pays à 2 visages

Malgré le fait qu'elle reste en cette période de crise un des seuls pays de l'Union européenne à garder un brin de croissance, la Pologne n'en demeure pas moins un pays à 2 visages sur le plan économique, dans la mesure où on y constate une quasi-absence de classe moyenne. Et cela se traduit par de très importantes disparités dans les salaires : d'un côté, on retrouve la population qui perçoit de faibles revenus et de l'autre on retrouve la classe supérieure polonaise qui se taille la part du lion. Car côté chiffres, il faut savoir qu'en Pologne le salaire minimal s'élève à environ 300 euros, alors que le salaire moyen avoisine les 800 euros. Il y'a aussi une chose qui frappe lorsqu'on est Pologne, c'est le duel qui se produit entre les commerces et marchés traditionnels avec les immenses centres commerciaux flambants neufs détenus en grande part par des investisseurs étrangers. Des centres commerciaux qui sont généralement ouverts tous les jours de 9h00 à 22h00, même le dimanche. De plus, on ne vous refusera jamais l'entrée dans une grande surface dix minutes avant la fermeture, comme cela peut parfois arriver en France. Et quand on sait que la Pologne est le pays le plus catholique de l'Union européenne, on observe ici un vrai paradoxe par rapport à la question du travail dominical, qui a encore tant fait débat cet été en France. En Pologne, où les syndicats sont beaucoup moins influents qu'en France, la question ne se pose pas puisque sur le plan économique, le système est assez américanisé et c'est donc la notion profit avant tout qui prend le dessus.

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